La Réunion est officiellement indemne de paludisme autochtone depuis 1979. L’île enregistre cependant des cas de paludisme d’importation (PI) chaque année. Le principal objectif a été de décrire et d’analyser les caractéristiques épidémiologiques et de prise en charge des cas de PI aux urgences du Groupe Hospitalier Sud Réunion, afin de proposer des mesures de prévention et de prise en charge adaptées au contexte local.Matériel et méthode : Etude rétrospective conduite entre le 1er janvier 2004 et le 31 décembre 2013. Les cas ont été investigués à partir du PMSI, d’un diagnostic parasitologique positif, et des dossiers médicaux. Les données ont été recueillies à l’aide d’une fiche standardisée.Résultats : 166 PI ont été analysés (70,5% d’homme). Les cas provenaient essentiellement de Madagascar (49,4%) et des Comores, incluant Mayotte (42,2%). L’âge moyen était de 36,9 ans. Plasmodium Falciparum prédominait (91%). Aucune chimioprophylaxie antipaludique (CPAP) n’était prescrite dans 63% des cas. La CPAP (n=61) consistait majoritairement en Chloroquine (36%) ou Chloroquine + Proguanil (31%). Elle était inadaptée en regard des recommandations dans 90% des cas. Les accès palustres graves selon les critères OMS représentaient 22% des accès. La consultation n’était pas suivie d’hospitalisation dans 29 cas (17,5%). Le traitement curatif initial était prescrit par voie orale dans 79% des cas, principalement la méfloquine (27%) et l’atovaquone-proguanil (26%).Conclusion : Ces résultats montrent que les PI accueillis aux urgences ont souvent une chimioprophylaxie inadaptée. La prévention auprès des voyageurs à destination de pays d’endémie proches de la Réunion doit être améliorée, et l’information des médecins généralistes prescripteurs renforcée