La désobéissance dans les contestations environnementales : entre impératifs de non-violence et de visibilité
Résumé
Le traitement médiatique des contestations environnementales paraît volontiers focalisé sur des mobilisations ayant donné lieu à des affrontements (Sivens, Bure, Notre-Dame-des-Landes) et a popularisé ces dernières années des expressions comme « djihadistes verts», « talibans verts » ou « éco-terroristes ». Pourtant, si la violence est omniprésente dans le traitement médiatique des mobilisations environnementales, elle est, historiquement, marginale dans le répertoire d’action des groupes mobilisés pour l’environnement, qui évoquent en revanche de plus en plus souvent une autre notion pour qualifier certains de leurs modes d’action radicaux, la « désobéissance ». Cette notion et les notions connexes (violence, résistance, action directe, actions non violentes...) ont fait l’objet d’une riche littérature réflexive, émanant de chercheurs et de militants. Ses contours paraissent bien délimités, et notamment sa dimension fondamentalement non violente. Pourtant, sur le terrain des mobilisations, cette notion reste plus floue, et différemment comprise selon les groupes mobilisés, les traditions militantes et les individus eux-mêmes. Elles sont régulièrement discutées, questionnées au sein même des sphères militantes, qui s’interrogent sur la légitimité d’actions se situant parfois aux frontières de ces différents régimes de mobilisations (violent/non violent, légitime/illégitime...). Occuper un site, est-ce « violent » ? Démonter une machine ? Résister à une injonction d’évacuation ? Les atteintes à des biens matériels sont-elles des violences ?