, 63 mais aussi le rôle croissant de l'Etat à l'époque moderne : « Dans la période récente, le mouvement national parmi les peuples orthodoxes soumis à l'Empire turc a conduit quelques Etats à une vie politique indépendante. De ce fait, les évêchés peuplés de chrétiens orthodoxes dans les Etats nouvellement apparus, se sont eux aussi petit à petit séparés du patriarche de Constantinople en étant reconnus par les autres Eglises autocpéhales ». 64 Ainsi, malgré des approches a prime abord contradictoires, une idée commune se dégage : la reconnaissance d'une Eglise nationale, pour les théologiens russe (depuis Makarij Bulgakov jusqu'à Il'ja Berdnikov en passant par Tertij Filippov), n'apparaît pas tant le résultat d'une aspiration populaire que d'une intervention de l'Etat. La configuration qui s'ouvre à nous n'est donc pas limitée à un tandem Eglise-nation, mais elle correspond plutôt à un triangle Eglise-Etat-nation, avec tous les risques de tensions, qui veut que « les frontières ecclésiales coïncident avec celles des régions administratives civiles

«. Le-droit-de-participer-À-la-société-ecclésiale-n, est lié ni à l'origine ni à la nationalité, il n'est limité ni par la condition sociale, ni par le sexe ni par l'âge » (Berdnikov I. S., Kratkij kurs cerkovnogo prava pravoslavnoj cerkvi, p.1, 1913.

, été le regroupement de la population par nationalités ("po narodnostjam"). Bien que le christianisme soit, par son caractère interne, une religion appelée à éclairer tous les peuples et donc ne se limite pas au cadre d'une seule nation ("narodnost' "). Mais, dans le même temps, il n'exclue pas la division naturelle des hommes en nations et ne cherche pas à effacer les particularités nationales dans les modes de vie de tel ou tel peuple, p.191

F. M. Dostoevskij, , vol.25, p.71

, Par ailleurs, la portée exacte de l'adjectif « russkaja » dans la définition actuelle de cette Eglise demeure imprécise, puisqu'il est dépourvu à la fois de sens géographique, sa juridiction dépassant les frontières de la Russie, et de sens national, cette Eglise n'étant pas limitée aux seuls Russes, il paraît plutôt devoir être compris dans une perspective historico-culturelle, là encore inconnue de l'ecclésiologie et de la tradition canonique de l'Eglise orthodoxe, Un exemple récent nous en est fourni par les statuts actuels de l'Eglise orthodoxe russe -patriarcat de Moscou (adoptés en août 2000) qui font fi du principe ancien d'organisation de l'Eglise sur la base territoriale, comme du principe plus récent d'organisation sur la base nationale, pour leur substituer un nouveau critère inconnu jusque-là dans l'ecclésiologie orthodoxe, le « libre arbitre