Contexte La révélation de la contamination des eaux de source du Sud Basse-Terre en 1999 amorce des découvertes en série quant à a contamination des milieux par la chlordécone. Les sols d’anciennes ou actuelles bananeraies apparaissent comme des réservoirs de contamination, à partir desquels la molécule diffuse vers l’ensemble des écosystèmes, terrestres, dulçaquicoles et marins. Ce pesticide organochloré contamine les denrées produites dans ces différents milieux et à partir de 2003 de gros efforts de recherche sont entrepris pour comprendre ces transferts et si possible les réduire. Les enjeux de santé apparaissent rapidement générateurs de tension pour la population locale, qui s’estime victime d’un empoisonnement, perçu comme étant de la responsabilité d’un état déficient. La production agricole locale se trouve ainsi menacée, car elle est le vecteur principal de l’exposition des populations, principalement produits de la mer et des rivières et végétaux. Enjeux pour l’élevage terrestre L’enjeu spécifique de l’élevage n’émerge qu’en 2008, une fois que les produits animaux sont concernés par la mise en place des LMR (limites maximales de résidus). D’une part la prise de conscience de leur contribution significative à l’exposition, en particulier via les réseaux d’approvisionnement informels, les connecte à un enjeu de santé publique. D’autre part si les systèmes d’élevage n’évoluent pas de manière à permettre une production saine, c’est leur existence même qui est remise en question. Dans un contexte économique dégradé (taux de chômage important) toute atteinte aux filières, déjà fragilisées par le contexte insulaire, De plus, production informelle est source de revenu et de lien social pour une population paupérisée. Le dernier enjeu concerne les services écosystémiques rendus par l’élevage, comme des aspects patrimoniaux (savoir-faire, patrimoine génétique), un potentiel d’agritourisme via l’originalité de produits locaux. Objectifs Face à cette tension, l’objectif du projet est de proposer des stratégies adaptatives permettant aux élevages porcins et de petits ruminants d’être résilients face à cette menace, soit de générer des denrées saines tout en restant économiquement viables. Construction du projet Le projet, intitulé INSSICCA, est construit de manière à générer des connaissances biotechniques permettant de piloter la concentration en chlordécone des tissus comestibles au moment de l’abattage. La genèse des éléments biotechniques correspond aux livrables WP1, 2 et 3 (figure 1), ces livrables sont à la fois centrées sur une question de recherche mais orientés vers la formulation d’une réponse à la question globale, relevant de la maîtrise de la contamination par 3 stratégies différentes et combinables. Ces stratégies si elles doivent être adoptées par les éleveurs doivent répondre à deux critères : acceptabilité économique par ces derniers (livrable WP4) et acceptabilité sociétale, tant du point de vue des éleveurs acteurs du changement que de l’admistration ou de la population locale (livrable WP5). Ce ne sont pas les résultats en tant que tels qui seront présentés mais bien la construction du projet et les allers-retours avec le terrain ainsi que la façon dont il a évolué pour initier de nouveaux projets traitant de questions de recherche qui ont émergé ou permettant un adaptation au changement de la demande sociétale au fur et à mesure de l’évolution de la crise chlordécone.