Si depuis une décennie l’accroissement de la médiatisation des sujets environnementaux et climatique est significatif, dans tous les médias, c’est un traitement souvent jugé « anxiogène », « catastrophiste » et « moralisant », ce qui expose les journalistes à un premier défi : trouver le bon vocabulaire pour décrire les faits d’un dérèglement climatique en sensibilisant l’opinion publique. Les directions des rédactions, prises en étau entre des publics saturés d’urgences (sanitaires, climatiques, sécuritaires) et une communauté de chercheurs, de militants et d’acteurs publics qui alertent, cherchent la bonne tonalité éditoriale, entre un journalisme de solutions, d’impact ou la la quête d’un prudent consensus sur les questions environnementales contre toute politisation. Le défi est aussi un défi temporel pour les rédactions, écartelées entre un puissant mouvement de fond (le réchauffement climatique et ses conséquences multiformes), qui s’inscrit dans la longue durée, et une exigence de quotidienneté, de renouvellement des sujets, peu compatible avec le traitement de l’inertie d’une lame de fond. « L’entrée dans l’ère écologique » selon le sociologue Edgar Morin, impacte le journalisme selon trois dimensions : nouvelles pratiques d’enquête et de traitement médiatique ; nouveau design de l’information (rubrique, format…) et nouvelle organisation rédactionnelle ; nouveaux processus de fabrication et de diffusion, pour limiter l’empreinte carbone des médias.