L'insuffisance cardiaque est actuellement un problème majeur de santé publique. 400 à 700 000 nouveaux cas sont recensés chaque année et le phénomène s'accroît avec l'allongement de la durée de vie. le coût pour la société est très élevé au vu du nombre important d'hospitalisations induites. De plus, la mortalité est importante : jusqu'à 50% à six mois dans les cas les plus sévères. Depuis les années 80, le rôle joué par les systèmes neurohormonaux, notamment le système rénine angiotensine aldostérone a été mieux apprécié dans le développement de l'insuffisance cardiaque. En conséquence, de nouvelles classes thérapeutiques comme les inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine (IEC), ont pu voir le jour. Les IEC ont très vite été propulsés au premier rang des traitements de l'insuffisance cardiaque, au point qu'ils doivent être proposés aujourd'hui chez la majorité des patients. En effet, les résultats obtenus avec les IEC dans toutes les formes de gravité ont fait de cette classe thérapeutique la plus importante dans le traitement de cette maladie. Malgré toutes les recommandations, études et conférences de consensus, les IEC restent couramment sous-prescrits. Ce phénomène à l'échelle des grands pays industrialisés a été confirmé de 1994 à 1999 en Lorraine par l'étude EPICAL. Dans ce contexte, une démarche d'amélioration de la qualité des soins, visant à optimiser la prise en charge de l'insuffisance cardiaque par les IEC, a été mise en oeuvre en 1998 dans des services de cardiologie ayant participé au projet EPICAL. Cette démarche a permis l'élaboration d'un certain nombre de recommandations de pratique clinique. Ce travail présente tout d'abord l'étiologie et la physiopathologie de l'insuffisance cardiaque. Dans un second temps, il décrit l'importance du système rénine-angiotensine-aldostérine dans cette pathologie et le rôle joué par les IEC. Enfin, les différentes recommandations de pratique cliniques proposées dans le cadre de l'amélioration de la prise en charge de l'insuffisance cardiaque seront exposées. Cette dernière partie sera illustrée par des cas cliniques de médecine de ville.