Objectifs: l’étude des perceptions relatives aux substances addictives représente un enjeu majeur de prévention et la prise en charge des addictions est fortement influencée par les représentations des professionnels de santé sur les produits. Nous avons cherché à évaluer ces perceptions auprès des médecins généralistes à travers une enquête quantitative prospective : un questionnaire anonyme, qui proposait demesurer les dommages et les bénéfices pour les usagers et pour la société de 3 produits répandus (alcool, tabac et cannabis), a été envoyé à 2186 médecins généralistes libéraux Lorrains. Nos résultats ont été comparés aux données de référence. Une analyse croisée a recherché les facteurs qui influaient sur la perception du cannabis.Résultats: nous avons analysé 978 questionnaires. L’alcool était perçu comme le produit le plus dommageable, à l’inverse du tabac. Les bénéfices liés au cannabis étaient perçus de manière ambivalente, élevés pour les usagers et faibles pour la société, à l’inverse des produits légaux. La comparaison avec les données de référence témoignait du contraste entre une majoration significative des dommages du cannabis (+27%) et un consensus évident sur les dommages des produits légaux ; de plus, les panélistes sousestimaientlargement les bénéfices individuels des 3 produits alors que l’évaluation des bénéfices sociétaux était parallèlement beaucoup plus proche des données de référence. Les évaluations du cannabis ne variaient pas selon l’âge. En revanche, le score de proximité avec le chanvre et surtout le score de tolérance à une légalisation influençaient nettement les évaluations du cannabis. Plus le niveau de proximité ou de tolérance augmentait, plus ces évaluations se rapprochaient des données de référence.Conclusion: nos résultats révèlent une carence de formation des médecins généralistes ciblée sur les dommages du cannabis et témoignent de la forte dimension subjective des perceptions liées aux drogues, et à leurs bénéfices