Le cancer se caractérise par une prolifération tissulaire anarchique et incontrôlée à partir d'une cellule aux mécanismes de régulation altérés. Cette maladie sournoise constitue un véritable problème de santé dans notre société occidentale moderne où elle représente la deuxième cause de mortalité, juste derrière les pathologies cardia-vasculaires. Pour la combattre, la médecine dispose aujourd'hui de différentes méthodes dont la plus efficace et la plus largement employée reste la chimiothérapie, consistant à administrer, selon un protocole prédéfini, un ensemble de spécialités cytotoxiques. Or, parmi les molécules employées à cette fin, près de la moitié d'entre elles sont en réalité des substances dérivant directement ou non, du métabolisme d'organismes vivants qu'il s'agisse de plantes, d'animaux, ou de micro-organismes. En se reposant sur la pharmacotaxonomie, la chimiotaxonomie ou encore l'ethnopharmacologie, de grandes firmes pharmaceutiques et autres instituts de recherche ont développé, dès les années soixante, des campagnes de « criblage» naturel destinées à découvrir au sein de différentes formes de vie, des substances susceptibles d' être exploitées en chimiothérapie. Si certaines d'entre elles ont abouti aux spécialités que nous utilisons actuellement (anthracyclines, taxoïdes, camptothécine...) d'autres, pour des raisons économiques et écologiques, ne purent être correctement analysées. Alors que le « criblage » naturel semblait dépassé en tant que source de médicament, les progrès en matière de chimie, de robotique et d' informatique permirent dans les années quatre-vingt-dix, d' étudier à nouveau les substances cytostatiques naturelles. Ainsi, de nombreuses molécules de provenance et de mécanisme d'action novateurs subissent actuellement un ensemble d'essais cliniques en vue d'une commercialisation prochaine. Ces substances, souvent d'origine marine (bryostatine 1 , dolastatine 15...) ou bactérienne (KRN 5500, rebeccamycine...) sont peut-être les grands médicaments chimiothérapiques de demain.