INTRODUCTION: Caractérisé par une augmentation du nombre de cas déclarés au retour des missions, le paludisme dans les armées françaises a un nouveau profil. Deux phénomènes semblent responsables : les nouvelles modalités opérationnelles et l'émergence des espèces plasmodiales non falciparum, sources d'atypies et de rechutes cliniques, et d'échecs thérapeutiques. CAS CLINlOUES : Nous rapportons quatre cas de paludisme à Plasmodium vivax et ovale, observés au Kosovo, en février 2008, chez des militaires ayant séjourné auparavant en zone impaludée. Les premier et quatrième cas résultent d'un biparasitisme (P.vivax et falciparum) méconnu initialement, traité par atovaquone-proguanil et source de reviviscence. Le deuxième cas à P. ovale illustre l'échec des chimioprophylaxies classiques et les difficultés diagnostiques en l'absence de primo-invasion. Dans le troisième cas, on retient l'atypie clinique de l'accès à P. ovale et la quiescence longue des hypnozoïtes. DISCUSSION : Ces observations mettent en lumière les nouveaux visages du paludisme dans les armées : - géographique et épidémiologique avec le développement des espèces vivax et ovale et du biparasitisme, - clinique avec un paludisme atypique, une multiplication des reviviscences hypnozoïtes tardives et certaines formes palustres graves à P. vivax et ovale, - thérapeutique avec l'échec des molécules classiques et la place prépondérante de la primaquine dans la nouvelle stratégie antimalarique, - martial avec la multiplication des séjours courts et des départs rapprochés. CONCLUSION : Dans les armées, les paludismes à P. vivax et ovale contractés en zone endémique peuvent désormais se traduire lors de missions ultérieures, dans des régions où le parasite est classiquement absent. L'enjeu thérapeutique actuel des armées françaises devient donc un paludisme d'exportation et appelle le médecin militaire a plus de vigilance.