Le refus de traitement de la part du patient est une problématique fréquemment rencontrée par le médecin généraliste, qui se trouve parfois confronté à un véritable dilemme mettant en jeu sa responsabilité morale et professionnelle. Le but de notre travail était d'analyser l'attitude et le ressenti des médecins généralistes face au patient refusant le traitement, au travers d'une étude qualitative par focus group. On constate que les médecins interrogés délaissent le traditionnel paternalisme médical au profit d'une relation de partenariat avec le patient, en replaçant le malade au centre de sa prise en charge. La communication, l'empathie et l'écoute, en autorisant la négociation et les compromis, permettent souvent de débloquer des situations difficiles. Dans un contexte d'augmentation croissante des condamnations civiles et pénales ces trente dernières années, les médecins insuffisamment formés en droit médical s'interrogent sur les modalités de la preuve de l'information. Toutefois, ils ne souhaitent pas que la judiciarisation de la médecine, en interférant dans leur pratique quotidienne, ne rende la relation médecin-patient procédurière. Quand malgré tout le patient s'obstine dans son refus, le médecin peut alors ressentir de la colère et de la frustration devant ce qu'il considère comme un échec de la relation de soin, sentiments qui doivent être dépassés. La difficulté est alors d'accepter le refus sans se désinvestir, tout en accordant au patient l'accompagnement et l'écoute qui sont la base même du soin. Quelques pistes de réflexion sont proposées afin d 'améliorer la formation et la gestion du ressenti des médecins généralistes face à de telles situations.