Le retard à l'installation des médecins généralistes est un fait incontestable. Alors qu'on débat très largement sur les causes de ce retard et sur les moyens d'y remédier, on oublie trop souvent de s'intéresser aux jeunes médecins qui ont fait le choix audacieux d'une installation en cabinet libéral dès la fin de leurs études. Leur expérience mérite pourtant d'être valorisée. Dans cette perspective, quatorze médecins - 8 femmes et 6 hommes - installés en Lorraine (Meurthe-et-Moselle, Meuse et Vosges) dans les trois ans suivant la fin de leur internat ont été interrogés. Les entretiens, menés sur le mode semi-directif, ont permis de retracer le parcours de chacun depuis la fin de son internat. L'expérience de ces jeunes installés est enrichissante à plus d'un titre, mettant en évidence principalement les raisons d'une installation rapide : frustration du remplacement ou de l'exercice hospitalier, envie de suivre ses propres patients, régularité du rythme de travail, situation familiale. Elle laisse également transparaître la satisfaction professionnelle de ces jeunes médecins qui n'ont pas choisi, pour autant, de sacrifier leur vie personnelle et familiale à leur travail grâce à une organisation volontaire de leur travail en ménageant des temps libres. Elle permet enfin, à contre-courant de certaines idées reçues, de relativiser la difficulté de l'installation en elle même, et le poids de l'exercice médical en tant qu'installé. À travers l'expression de leurs choix professionnels et le regard qu'ils portent sur la profession, ces médecins interrogés rapidement installés nous livrent une vision optimiste de l'exercice de la médecine générale en France, à condition que celui-ci sache s'adapter à son temps et aux aspirations des nouvelles générations (organisation du temps de travail, exercice en groupe, maisons de santé...).