La dimension sociale de la dysphonie est un aspect qui, sans être négligé par les praticiens, n'a été que peu étudiée. Le présent travaille tente donc d'explorer l'influence du milieu social sur les processus sous-jacents à la mise en place de la dysphonie fonctionnelle. La voix transmet un certain nombre d'émotions et d'informations sur l'état interne d'un locuteur. Ces informations auditives chargées émotionnellement sont perçues et interprétées par l'interlocuteur qui adaptera son comportement et ses réactions. A son tour le premier locuteur tentera de modifier son comportement vocal. Ainsi se crée l'accommodation qui est un principe fondamental pour cette étude. Elle s'illustre dans notre travail par le phénomène de convergence, décrit comme processus amenant un individu à adapter sa voix à celle de son interlocuteur. Ce phénomène est replacé dans un contexte social donné. Le phénomène d'influence a été mesuré grâce à un questionnaire créé selon les normes des sciences sociales. Il a été remis à une population tout-venant et certains patients dysphoniques. Au total, le nombre de participant s'élève à 215, plaçant cette enquête du côté de l'étude de population. Les participants ont été répartis en trois groupes. Les sujets sains, les sujets avec une gêne vocale (brûlure, tiraillement, hors période infectieuse) et les sujets dysphoniques. Les réponses aux différentes questions ont été traitées afin d'observer si un milieu social particulier se distingue d'un autre par le comportement vocal et les représentations mentales liées à la voix. Les résultats montrent qu'un milieu socioprofessionnel se distingue des autres par une gêne vocale importante ressentie au quotidien. Il y aurait donc bel et bien un lien entre le milieu social et le comportement vocal, mais l'étude ne permet pas d'établir une relation directe entre ce milieu social, la gêne vocale et la dysphonie fonctionnelle qui pourrait en résulter.