Les études les plus récentes sur le développement cognitif de l'enfant sourd, notamment depuis l'arrivée de l'implant cochléaire, concluent toujours à des spécificités de développement, en dépit d'apports indéniables sur le plan langagier. Les variables influençant ce développement sont nombreuses, nous en avons retenu trois principales susceptibles d'influencer la construction des classes logiques chez l'enfant sourd profond de 6 à 14 ans : le statut auditif parental, le mode de communication et le déficit expérientiel. Nous avons fait plusieurs hypothèses sur l'influence de ces trois variables. Nous avons notamment postulé sur l'influence de la modalité linguistique concernant l'accès aux critères analytiques et inférentiels, l'influence du style maternel sur les capacités d'anticipation et la nécessité d'un mode de communication permettant un dialogue d'une complexité suffisante entre l'enfant et son entourage pour parvenir à un développement des structures classificatoires plus aisé. Afin de vérifier ces hypothèses, mais aussi dans une démarche exploratoire, nous avons élaboré un protocole permettant d'observer les conduites mises en oeuvre par ces enfants dans des activités de classifications visuelles et tactilo-kinesthésiques. Puis nous avons exploré comment ces conduites classificatoires étaient réinvesties dans d'autres types d?activités, notamment linguistiques. Les résultats obtenus ne nous ont pas permis de confirmer l?influence de la modalité linguistique sur l'accès aux critères analytiques ou inférentiels. Cependant, nous avons pu mettre en évidence des spécificités des développements liées aux conséquences de la surdité comme le décalage des stades d?anticipation, ainsi que la nécessité d'un mode de communication suffisamment maitrisé et partagé pour un accès au stade des classes logiques.