Nous nous sommes intéressés spécifiquement à la peur de la crise, ou encore à l’anxiété anticipatoire de la crise, qui gagne à être considérée comme une entité à part entière d’après les recommandations de la Ligue Internationale contre l’épilepsie qui souhaite séparer les comorbidités psychiatriques des troubles neuropsychiatriques spécifiques de l’épilepsie en proposant une classification indépendante. Cette étude a pour objectif d’étudier la prévalence et les facteurs déterminants de l’anxiété anticipatoire de la crise chez les patients souffrant d’épilepsie focale structurelle pharmacorésistante, et les conséquences sur leur qualité de vie. Il s’agit d’une étude épidémiologique, observationnelle, prospective chez 87 patients présentant une épilepsie focale pharmacorésistante. Une évaluation spécialisée systématique des troubles psychiatriques non spécifiques et spécifiques de l’épilepsie a été réalisée. Des données issues d’autoquestionnaires évaluant l’anxiété et la qualité de vie ont également été utilisées. Nous retrouvons une anxiété anticipatoire de la crise chez 46 patients (53%) et un vécu anxieux pendant la crise chez 35 patients (40%). L’anxiété anticipatoire et le vécu anxieux de la crise sont fortement corrélé (p=0,00003), ainsi que leurs intensités respectives (r=0,55 p<0,05). Parmi les patients souffrant d’anxiété anticipatoire, les résultats montrent un lien significatif avec un antécédent de traumatisme (p=0,005). Ces patients ont particulièrement le ressenti d’être en danger durant leur crise (p=0,00002). On ne retrouve pas de lien significatif entre l’anxiété anticipatoire et les autres comorbidités psychiatriques. Enfin les patients souffrant d’une anxiété anticipatoire ont une qualité de vie significativement détériorée par rapport à ceux qui n’en souffrent pas (QOLIE bien être émotionnel (p=0,03). Ainsi il semble intéressant de rechercher systématiquement cette entité spécifique de l’épilepsie, qu’est l’anxiété anticipatoire de la crise, afin de mieux l’identifier et de proposer une prise en charge adaptée. L’enjeu est de limiter les répercussions sur la qualité de vie des patients.