Cet article est consacré aux deux modalités principales de la destruction des images chez Edika : -la première, qui tient surtout à un style : du goût pour la défiguration qui s’exprime dans les corps difformes (qui, malgré leur hypersexualisation, peuvent brouiller les codes sexuels) jusqu’à la démultiplication des phylactères qui débordent la case pour envahir les cases adjacentes. -La deuxième qui tient à un principe narratif récurrent : l’impossibilité de trouver une chute. L’intégration du processus de création aboutit paradoxalement à la destruction de l’histoire et de ses images, les interruptions plus ou moins intempestives de la famille Bronsky se soldant souvent par une destruction « littérale » de la planche. Le paradoxe de cette perturbation métaleptique n’est bien entendu qu’apparent ; cette destruction est fondamentalement ambivalente puisqu’elle permet de trouver une fin à une séquence narrative qui pourrait ne pas en avoir et qu’elle ouvre sur une nouvelle création comique, sur le modèle bien connu du poème du manque d’inspiration ou du roman de l’écriture du roman. A travers l’analyse des principaux procédés mis en œuvre par l’auteur, on essaiera de dégager les enjeux politiques, esthétiques (rapport parodique à la littérature) et pragmatiques (élaboration d’un comique grotesque voire hystérique) de cette dimension de l’œuvre.