Le concept de discontinuité en géographie contribue à la réflexion scientifique menée sur les frontières et les régions qu’elles délimitent. Celle-ci a des ramifications politiques et opérationnelles dans la mesure où elle contribue à un changement de perspectives : elle souligne combien les territoires frontaliers, auparavant perçus comme périphériques au sein de leurs Etats respectifs, constituent désormais un champ d’intervention spécifique des politiques publiques, notamment européennes, avec une volonté appuyée de réduire les disparités régionales et de compenser les handicaps liés à leur situation. Dans cette perspective, la nécessité d’avoir une connaissance objectivée de ces espaces a permis non seulement la création de nombreux observatoires fondés sur des initiatives locales (comme le Systèmes d’information géographique de la Grande Région www.sig-gr.eu, ou celui du Rhin Supérieur www.georhena.eu) mais aussi l’émergence d’un cadre général théorique et méthodologique pour comparer les profils des régions frontalières européennes. L’élaboration d’une approche générale des espaces transfrontaliers est en effet particulièrement délicate puisque les Etats restent les principaux concepteurs de données statistiques et de maillages infranationaux. Elle implique de poser clairement un certain nombre d’hypothèses, sous peine de produire des images trompeuses ou des interprétations fallacieuses de réalités sociales. Ce chapitre a ainsi pour objectif de montrer l’intérêt d’approches complémentaires pour réinterroger certains concepts (discontinuité et/ou barrière et/ou intégration), puis proposer une typologie de ces territoires complexes à travers l’exemple des discontinuités de richesse dans l’Union Européenne.