L'intérêt et les limites du dépistage du cancer de la prostate sont débattus. Malgré des recommandations contradictoires, le dépistage est largement réalisé à l'aide du dosage du PSA. Toutefois, les généralistes semblent éprouver plus de difficultés à utiliser l'autre outil de ce dépistage : le toucher rectal. L'étude a pour objectif de relever les différents obstacles au toucher rectal lors de ce dépistage en médecine générale. Il s'agit d'une étude qualitative par entretiens semi-directifs individuels auprès de dix médecins généralistes de Lorraine. Les médecins reconnaissent être dans l'incertitude en ce qui concerne les bonnes pratiques de ce dépistage. Ils ont des avis et des pratiques très hétérogènes. Les obstacles à la réalisation du toucher rectal ne se résument pas à la pudeur. Le manque de fiabilité et d'utilité attribué à ce geste, le manque d'expérience et de formation pour le toucher, le manque de temps pour le réaliser et le fait d'être une femme médecin font partie des obstacles les plus cités. Mais les difficultés à réaliser ce dépistage ne concernent pas seulement le toucher rectal ; l'organisation du dépistage est jugée inadaptée à la pratique quotidienne : les patients sont peu informés, ne sont pas invités à parler de cette question avec leur médecin et ce sujet est souvent évoqué à la fin d'une consultation pour un autre motif ; l'oubli de proposer ce dépistage est donc fréquent. Pris isolément, ces obstacles ne semblent pas infranchissables, les généralises évoquent fréquemment des moyens pour les contourner ; c'est l'accumulation de ces obstacles qui empêche la réalisation du dépistage.