Cette étude présente les transitions qui touchent les anciens territoires militarisés et particulièrement ceux de la Ligne Maginot dans le Grand Est. La démilitarisation correspond à l’action de déménager le territoire de défense. Elle a comme conséquence un long processus de déterritorialisation par dislocation des logiques d’organisation défensive. Ce processus a rompu l’agencement de la Ligne, favorisant le déclassement et le fractionnement du linéaire. Le délaissement organise un territoire fantôme dont les traces se réinscrivent dans de nouveaux usages touristiques et de loisirs. Dans un premier temps, isolés, ces sites, valorisés par l’action pionnière d’associations, sont remis en scène et réagencés dans un ancien contexte militaire ou mémoriel renouvelé. Désormais, des territoires se redessinent à l’échelle locale par associations et mises en réseau avec d’autres sites militaires et mémoriels. Mobilisant plusieurs échelles de lecture, ces formes de reterritorialisation dépassent le cadre de la Ligne Maginot et peuvent s’observer pour d’autres lignes de défense en Europe.