Contexte : La description régulière d’épidémies virales liées à la consommation d’eau de distribution souligne la capacité des virus entériques à persister et à diffuser dans les réseaux de distribution d’eau dont la surface est très rapidement colonisée par un biofilm. Parmi les virus entériques pathogènes, les adénovirus sont responsables de pathologies diverses potentiellement sévères chez les personnes immunodéprimées et les jeunes enfants. De plus, la résistance de ces virus aux conditions environnementales contribue à leur forte prévalence environnementale. L’épidémie de Nokia (Finlande) provoquée par le rejet d’eau usée dans une partie du réseau de distribution de la ville a montré la résistance des adénovirus aux opérations de désinfection et de nettoyage [1]. Ceci pose les questions de la capacité de ces virus à s’accumuler dans les biofilms et des effets des procédures de désinfection sur les biofilms et les virus associés. Objectifs : Dans ce contexte, nos travaux visaient à étudier la capacité d’adhésion d’un adénovirus de sérotype 2 à des biofilms d’eau potable de quelques semaines. Une comparaison de l’adhésion a été réalisée entre les surfaces colonisées par un biofilm et celles placées extemporanément dans un pilote. Méthodologies : Les caractéristiques physico-chimiques (diamètre hydrodynamique, morphologie) et les propriétés de surface (charge électrostatique, hydrophobie) de l’adénovirus utilisé pour ces travaux ont été étudiées par des méthodes de diffusion dynamique de la lumière (DLS), de mobilité électrophorétique et d’adhésion sur des surfaces caractérisées [2]. Les biofilms d’eau potable ont été constitués dans des pilotes de type « flow-cell » équipés de coupons en polyéthylène haute densité (PEHD) et alimentés par l’eau de réseau du laboratoire. Les concentrations en adénovirus ont été suivies dans l’eau des pilotes et à la surface des coupons de PEHD. Résultats-Discussion : L’adénovirus de sérotype 2 présente un diamètre hydrodynamique de 163 ± 2 nm, une charge électrostatique négative au pH de l’eau circulant dans les pilotes (8,2) et 95 % des particules adhèrent sur une surface hydrophobe constituée de polystyrène. Les adénovirus, inoculés dans l’eau des pilotes à une concentration de 1x107 particules/mL, ont atteint 1x104 particules/cm2 pour un temps de contact de 1 heure et 1x105 particules/mL pour des temps de contact de 24 et 48 heures. L’adhésion des adénovirus apparaît comme un phénomène rapide, mais nécessitant plusieurs heures avant d’atteindre une phase de stabilisation. Par contre, la présence du biofilm entraîne une diminution de l’adhésion des adénovirus au PEHD. La présence d’un biofilm, même de quelques heures, tend à rendre les surfaces moins hydrophobes [3]. Ainsi, les propriétés de surface des adénovirus, et plus particulièrement le caractère hydrophobe, semblent contribuer à leur adhésion aux surfaces.