L’existence d’un déficit du traitement temporel de l’information auditive chez les enfants présentant des troubles spécifiques du langage a été l’objet de plusieurs recherches au cours des trente dernières années. L’une d’entre elles a testé l’impact d’un entraînement intensif incluant un ralentissement artificiel de la parole sur la perception d’enfants dysphasiques et dyslexiques. La présente étude se donne pour objectif d’observer l’impact direct du ralentissement de la parole sur la compréhension d’enfants dysphasiques sans entraînement préalable. L’évaluation, portant sur 21 enfants dysphasiques, s’est déroulée en deux étapes. La première a consisté en la passation d’épreuves standardisées testant la discrimination et la compréhension orale. Les résultats ont été utilisés pour constituer deux groupes homogènes en vue de procéder à une étude comparative. La seconde étape a été centrée sur de nouvelles épreuves portant sur la discrimination et la compréhension orale. Cette fois, les épreuves, préalablement enregistrées, avaient été modifiées acoustiquement à l’aide d’un logiciel. La modification a consisté en un allongement des parties transitoires et un réhaussement de certaines consonnes. L’un des deux groupes d’enfants s’est vu présenter l’enregistrement brut, et l’autre, l’enregistrement modifié. Nos résultats montrent que la différence moyenne entre les performances des deux groupes n’est pas significative. Cependant, les résultats individuels montrent que certains enfants du groupe testé présentent une amélioration de leurs performances, alors que d’autres enfants semblent pénalisés par le ralentissement de la parole. Pour vérifier nos hypothèses, l’étude des effets du ralentissement de la parole sur les enfants dysphasiques devrait être envisagée sur une population plus large. Il semble qu’une partie de ces enfants peut bénéficier d’un tel outil, en prenant en compte l’interaction du ralentissement de la parole avec d’autres facteurs comme les difficultés mnésiques ou attentionnelles.