En aphasiologie, le matériel de rééducation orthophonique repose la plupart du temps sur des images créées par et pour une population hexagonale. Originaire de la Guadeloupe, nous nous sommes alors interrogée sur la pertinence de l’adaptation d’un support de rééducation à la culture du patient, d’autant que nous avions la conviction qu’il influencerait ses productions langagières. A ce titre, nous avons posé l’hypothèse qu’un entretien sur un thème culturel régional favoriserait l’appétence à la communication du patient aphasique d’une part, et améliorerait son traitement lexico-sémantique d’autre part. Nous avons donc construit un support culturellement discriminé composé d’images représentant des scènes guadeloupéennes et d’autres faisant référence à la culture francofrançaise. Nous l’avons ensuite soumis à un échantillon de 40 patients (franco-français et guadeloupéens) en comparant les descriptions produites sur les images relevant de leur culture par rapport aux images issues d’une culture moins familière, prenant en compte la fluence verbale et la communication non verbale (notamment en observant les émotions manifestées). Les résultats de cette étude montrent que l’ajustement du support est pertinent puisque les patients sont plus fluents lorsque des images de leur culture leur sont présentées. En revanche, la question d’un meilleur traitement lexico-sémantique reste à vérifier et pourrait faire l’objet d’une étude plus approfondie. Pour conclure, nos résultats sont en faveur d’une adaptation du matériel que l’on propose aux patients en séance de rééducation, en gardant cependant une base commune,correspondant aux « universaux sémantiques » tel que boire, manger, dormir etc.