Sous l’Occupation, la presse parisienne couvre une vie musicale particulièrement intense qui résulte d’une double manœuvre politique : d’une part les occupants cherchent à maintenir un sentiment de continuité dans la vie culturelle tout en affirmant la supériorité de la culture allemande, et d’autre part Vichy soutient les pratiques musicales et en particulier la création dans le cadre de sa « Révolution nationale ». Se pose dès lors la question des enjeux politiques d’un discours critique qui se veut uniquement centré sur la musique et les musiciens. De quels événements et de quelles répertoires les critiques musicaux rendent-ils compte, et dans quels termes ? Quelles sont leurs visées et dans quelle mesure ces textes parus dans la presse autorisée servent-ils la propagande musicale de Vichy et/ou de l’occupant ? À partir d’une étude des articles parus dans trois périodiques de la presse générale et spécialisée (Les Nouveaux Temps, Comœdia, L’Information musicale), il s’agit d’observer les modalités d’exercice des critiques musicaux et de dégager les principes rhétoriques dominants de la critique musicale parisienne sous Vichy.