INTRODUCTION : La lombalgie commune constitue l’une des pathologies les plus invalidantes en population générale et représente un réel problème de santé publique pour les pays industrialisés. Bien qu’elles soient le reflet d’une population jeune et en bonne santé, les populations militaires ne sont pas épargnées par cette pathologie. Au sein de l’opération Barkhane au Mali, la lombalgie d’un militaire peut impacter l’ensemble de la chaîne opérationnelle et nuire à la réalisation de la mission. Cette incapacité est d’autant plus délétère dans le milieu de l’ Aviation Légère de l’Armée de Terre (ALAT) où la spécificité de chaque emploi limite la substitution d’un personnel à un autre. L’ALAT constitue en effet une composante indispensable à la lutte contre les groupes terroristes de la bande sahélo-saharienne, justifiant un rythme de déploiement soutenu. Regroupé au sein du Groupement Tactique Désert Aérocombat (GTDA), son personnel, notamment les personnels navigants, assure des missions indispensables à toute action terrestre. Notre objectif était de rechercher la prévalence de survenue de lombalgie en opération extérieure (OPEX) dans la population du GTDA, de décrire les facteurs opérationnels favorisant les lombalgies et d’évaluer les pratiques sur place afin de proposer des axes de prévention. METHODE : Une étude transversale observationnelle de 6 mois a été réalisée avec distribution de questionnaires à l’ensemble des personnels du GTDA. 549 questionnaires ont été collectés et analysés. RÉSULTATS : La prévalence de la survenue de lombalgie en OPEX sur les personnels du GTDA était de 31.9%. Le statut de personnel navigant semblait favoriser la survenue de lombalgie en OPEX tout comme les antécédents psychologiques et les antécédents de lombalgie mais aussi une pratique sportive hebdomadaire inférieure à 2 heures en OPEX ou en métropole. Le couchage en lit picot sur le théâtre d’opération extérieure favorisait également la survenue de lombalgie. CONCLUSION : La lombalgie reste donc une pathologie courante qui n’épargne pas l’ALAT, d’autant plus en contexte opérationnel. La mise en place d’actions de prévention primaire repose non seulement sur une information individualisée lors de la visite médicale périodique et de briefings sanitaires avant départ ainsi que sur des séminaires en collaboration avec des services de MPR. Ces mesures permettraient de sensibiliser les personnels sur les lombalgies en milieu opérationnel, en les incitant à consulter systématiquement et à éviter le recours à l’automédication. Une action de prévention plus globale pourrait être axée sur une activité physique encadrée, tant en métropole qu’en OPEX, par des moniteurs en entraînement physique militaire et sportif sensibilisés au risque de lombalgie. Sur le théâtre opérationnel, la prévention primaire doit être menée en limitant le recours au lit picot et en sanctuarisant les temps de pauses. Une attention particulière doit être portée aux personnels projetés durant les premières semaines de déploiement, notamment chez les personnels navigants . La prise en charge médicale de la lombalgie doit être basée sur une approche non médicamenteuse et multidisciplinaire, conformément aux recommandations. Une telle action pourrait limiter significativement le recours aux traitements médicamenteux et une éventuelle iatrogénie peu compatible avec le milieu opérationnel.