Le syndrome de Richter (SR) correspond à la transformation d’une leucémie lymphoïde chronique (LLC) en un lymphome agressif, le plus souvent avec une histologie de lymphome B diffus à grandes cellules (LBDGC). Peu d’éléments concernant les mécanismes biologiques du SR sont connus et seulement quelques facteurs, principalement cliniques, sont établis comme pronostiques de la survie globale. Nous avons cherché à étudier les caractéristiques cliniques, biologiques et génétiques de SR, à la fois au diagnostic de LLC et au diagnostic de SR, et à en déterminer leur valeur pronostique. Une cohorte de 103 patients présentant un SR de sous-type LBDGC a été rassemblée dans le cadre d'une étude multicentrique nationale. Le profil moléculaire de 59 échantillons de SR et de 32 LLC appariées a été réalisé à partir d’un un panel NGS de 13 gènes couvrant les mutations les plus fréquentes dans la LLC. Les anomalies de TP53 étaient les anomalies les plus fréquentes, tant au stade LLC qu'au stade Richter. Les mutations de NOTCH1, EGR2, XPO1 et RPS15 étaient fréquentes au stade Richter et déjà présentes au stade LLC dans la plupart des cas. La médiane de survie globale (SG) était de 8 mois. En analyse bivariée, les patients avec un PS ECOG>1, ceux avec des plaquettes<100G/L ou avec une anomalie sur TP53 (délétion 17p et/ou mutation de TP53) avaient une SG significativement plus mauvaise. En multivarié, 4 facteurs au diagnostic de SR étaient indépendamment associés à une moins bonne SG : plaquettes<100G/L, PS ECOG>1,profil non muté du gène des chaînes lourdes des immunoglobulines (IGVH) et anomalie deTP53 Cette étude a permis d'affiner le profil moléculaire des SR tant au stade Richter qu’au stade LLC et d'identifier de nouveaux facteurs pronostiques de la survie dans le SR.