PRÉREQUIS : L’émergence des résistances bactériennes représente un réel enjeu de santé publique. Les politiques mettent en place des plans de lutte selon deux axes principaux : limiter les prescriptions inutiles d’antibiotiques et réduire la consommation de ceux les plus pourvoyeurs d’antibiorésistance. Chez les enfants, ils représentent la 2e classe médicamenteuse la plus prescrite après les antalgiques. Les données observés chez les patients âgés de plus de 16 ans et de moins de 65 ans ont montré une évolution des prescriptions qui tend à diminuer ces dernières années. OBJECTIFS : Évaluer la proportion des prescriptions d’antibiotiques chez l’enfant de 0 à 16 ans en médecine ambulatoire en région Lorraine en 2017, et comparer l’évolution entre 2014 et 2017, en fonction de la spécialité et de l’âge des médecins prescripteurs. Les objectifs secondaires étaient d’évaluer l’évolution des prescriptions des antibiotiques dits critiques : l’association amoxicilline-acide clavulanique, les céphalosporines et les fluoroquinolones, et d’évaluer les co-prescriptions avec les AINS et leur évolution. MÉTHODES : Étude descriptive transversale réalisée en Lorraine (France), à partir des données issues du Système National des Données de Santé recueillies auprès de la Direction Régionale du Service Médical Grand Est en 2014 et 2017, issues de médecins généralistes, ORL et pédiatres libéraux. RÉSULTATS : 41 % des enfants lorrains (n = 192 992) ont reçu au moins une fois des antibiotiques au cours de l’année 2017, contre 46,9 % en 2014. Il existe une diminution significative de 20,6 % du nombre moyen annuel de prescriptions d’antibiotiques par médecin entre 2014 et 2017, ainsi qu’une baisse globale de 31,0 % des prescriptions d’antibiotiques critiques. Les pédiatres prescrivaient plus d’antibiotiques que les médecins généralistes mais épargnaient les antibiotiques critiques. En 2017, 24,1 % (n = 2024) des prescriptions associaient des AINS aux antibiotiques. CONCLUSION : L’évolution des prescriptions d’antibiotiques chez les enfants en Lorraine tend vers une diminution. Mais compte tenu de la baisse du nombre de consultations pédiatriques entre les deux périodes étudiées, on ne peut conclure que la seule explication soit une amélioration réelle des pratiques des médecins. Ils restent très largement prescrits et la part des antibiotiques critiques est bien trop importante. De plus, ils sont souvent associés aux AINS, malgré un risque de complication sévère. La prise de conscience de l’émergence des bactério-résistances doit être généralisée et entrainer des changements majeurs dans les habitudes de prescriptions afin de préserver l’efficacité de ces précieux anti-infectieux.