L’Homme côtoie les végétaux depuis les débuts de l’humanité. Il a appris à les reconnaître et les utiliser au fil du temps, parfois à ses dépens. Ses expériences lui ont permis de différencier les plantes qui peuvent le nourrir ou le soigner de celles qui peuvent lui nuire : les plantes toxiques. Malgré leurs pouvoirs délétères, certaines d’entre elles possèdent des propriétés intéressantes sur le plan médical lorsqu’elles sont utilisées à juste dose. Les connaissances acquises, indispensables à leur utilisation, se transmettent de générations en générations via la culture orale. Elles se démocratisent avec l’arrivée de l’imprimerie à partir du XVe siècle et deviennent une compétence médicale que s’approprient les communautés de médecins puis d’apothicaires-épiciers de France. L’étude des plantes médicinales et toxiques fait alors partie intégrante de la formation de nos ancêtres pharmaciens dont le métier, nous le verrons, connaît d’importantes avancées à partir du XVIe siècle. C’est d’ailleurs principalement grâce à leur long apprentissage des drogues et leur faculté à les préparer que les apothicaires seront valorisés. Véritables acteurs de la santé de leur temps, nous verrons pourtant que la profession se lie parfois au crime au cours de l’Histoire, comme c’est le cas dans l’Affaire des Poisons au XVIIe siècle. Il s’agit sûrement de la plus célèbre affaire de crimes par empoisonnements connue en France, dans laquelle ont été incriminés de nombreux personnages de la Cour de Louis XIV, créant ainsi un réel scandale. Son étude nous permet d’attester de l’utilisation des plantes toxiques à cette époque à des fins criminelles, entre autres nouveaux poisons, et d’établir une liste de quelques-unes d’entre elles. Dans cette affaire, on peut également mettre en avant l’accusation d’une majorité de femmes et nous verrons ainsi pourquoi le poison est considéré comme une arme essentiellement féminine.