INTRODUCTION : L’exacerbation de bronchopneumopathie chronique obstructive (EABPCO) est un motif fréquent de recours en soins primaire. Parmi l’arsenal thérapeutique dont dispose le médecin, il pourra proposer une antibiothérapie. Chaque décision d’antibiothérapie compte, au-delà de l’impact individuel du traitement, les conséquences collectives importent de plus en plus. OBJECTIFS : L’objectif principal était d’établir les déterminants d’une prescription d’antibiotique dans l’EABPCO. L’objectif secondaire était de comparer nos résultats à l’étude PAAIR. MATÉRIEL ET MÉTHODE : Une étude qualitative par entretiens semi-dirigés a été réalisée en Lorraine auprès de 14 médecins généralistes. RÉSULTATS : Les déterminants mis en évidence dans notre étude sont : l’état clinique et le contexte (signes cliniques, contexte temporo-spatial de consultation, la sous-utilisation des EFR), les connaissances théoriques (les recommandations sont peu consensuelles et peu applicables, il existe peu d’alternatives thérapeutiques, l’impact de l’antibiorésistance sur la décision) et la subjectivité du prescripteur (pression du patient, exercice coordonné, 6ème sens clinique, croyance et incertitude). DISCUSSION : Les médecins généralistes adoptaient des stratégies pour rationaliser le recours à l’antibiothérapie. Le médecin accordait du temps en réévaluant le patient, il tentait d’affiner son diagnostic bactérien d’EABPCO en proposant une biologie à la recherche de biomarqueurs : CRP, PCT, NFS, ECBC. Il excluait un diagnostic différentiel par l’imagerie médicale et ainsi réduisait l’incertitude diagnostique. Pour une meilleure gradation de la sévérité et un traitement adapté au référentiel, la délégation de tâche des spirométries aux IDE ASALEE était essentielle, mais non suffisante puisque sous-utilisée. La formation à la lecture de cet examen et le maintien de l’intérêt à le réaliser était primordial. Pour une meilleure diffusion des recommandations, les outils d’aides au diagnostic étaient une piste intéressante. Enfin la prise en charge globale de la BPCO restait primordiale afin de réduire l’occurrence des exacerbations. Ces données sont cohérentes avec la littérature et en partie évoquées dans l’étude PAAIR. CONCLUSION : Le raisonnement d’antibio-prescription dans l’EABPCO est complexe et multifactorielle. Les leviers et stratégies à mettre en place pour discriminer et traiter une EABPCO bactérienne sont existants mais insuffisants. Des bouleversements plus larges devront être réalisés (adaptation des recommandations, engagement en faveur des spirométries, formation continue) et des recherches complémentaires sur l’évaluation des leviers (biomarqueurs) permettront une meilleure prise en charge de l’EABPCO en médecine générale.