INTRODUCTION : Les recommandations actuelles proposent d’évaluer l’insuffisance aortique de manière multiparamétrique. En pratique courante, le diagnostic initial de l’insuffisance aortique sévère repose sur des paramètres échocardiographiques qualitatifs et semi-quantitatifs. Il n’est donné aucune information sur la performance diagnostique de ces paramètres. OBJECTIF : L’objectif de notre étude était d’évaluer la performance diagnostique des paramètres semiquantitatifs échocardiographiques pour faire le diagnostic d’une insuffisance aortique sévère. ÉTUDE : Il s’agit d’une étude rétrospective et monocentrique qui incluait 102 patients adressés au CHRU de Nancy entre janvier 2010 et novembre 2022 pour une insuffisance aortique isolée modérée à sévère. Les patients étaient divisés en un groupe d’insuffisances aortiques modérées et un groupe d’insuffisances aortiques sévères. La sévérité de la fuite était définie de manière composite en utilisant le remodelage ventriculaire gauche ainsi que les méthodes quantitatives échocardiographiques et/ou d’imagerie cardiaque par résonance magnétique. Les performances dans le diagnostic d’une insuffisance aortique sévère des paramètres « vena contracta », « pressure half time » et reflux diastolique dans l’aorte descendante étaient évaluées. RÉSULTATS : La valeur seuil > 6mm pour la « vena contracta » était caractérisée par une sensibilité faible de 40.4% et une excellente spécificité de 88.9% pour le diagnostic d’IA sévère. Pour la « pressure half time », la valeur > 200ms possédait une très mauvaise sensibilité de 2% et une excellente spécificité de 100%. Pour la vitesse du reflux diastolique dans l’aorte descendante, la valeur seuil ≥ 0.2 m/s était associée à une faible sensibilité de 37.8% et une assez bonne spécificité de 78.6%. Ces 3 paramètres étaient caractérisés par une bonne valeur prédictive positive > 80% et une mauvaise valeur prédictive négative < 40%. La modification des seuils diagnostiques en faveur d’une insuffisance aortique sévère permettait une amélioration de la sensibilité des paramètres « vena contracta » et « pressure half time » tout en gardant une bonne spécificité.CONCLUSION : Dans une population de patients présentant une insuffisance aortique au moins modérée, les paramètres semi-quantitatifs échocardiographiques sont très spécifiques et peu sensibles pour le diagnostic d’une insuffisance aortique sévère. Si les valeurs seuils en faveur de la sévérité de la fuite ne sont pas atteintes, il n’est pas possible d’exclure une insuffisance aortique sévère et il est alors primordial de réaliser une évaluation multimodale par les méthodes quantitatives d’échocardiographie et d’imagerie par résonance magnétique.