INTRODUCTION : La dépigmentation volontaire est une pratique cosmétique répandue dans le monde et pouvant nuire à la santé, méconnue de la communauté médicale en dehors du champ de la dermatologie. Le médecin généraliste pourrait être un acteur clé dans la sensibilisation de ce phénomène, son dépistage et dans la prévention et la prise en charge des complications. Des nouvelles techniques d’information et de communication se développent actuellement dans la formation continue. OBJECTIF : Synthétiser les données de la science nécessaires au praticien pour développer une approche médicale de la dépigmentation volontaire. MATÉRIELS ET MÉTHODES : Une revue narrative de littérature a été conduite principalement dans la base de données Medline. Ensuite, un entretien collectif auprès de médecins généralistes nous a permis de recueillir des données qualitatives dont l’analyse nous a guidé pour l’élaboration d’outils pédagogiques à destination des médecins généralistes, à savoir une fiche Mémo et un Podcast vidéo. RÉSULTATS ET DISCUSSION : Bien qu’il existe une diversité des techniques et des profils d’utilisateurs, avec un manque de données épidémiologiques à l’échelle nationale, la dépigmentation volontaire peut être considérée comme un problème de santé publique. Les produits éclaircissants, faciles d’accès, contiennent principalement de l’hydroquinone, des dermocorticoïdes, des dérivés mercuriels, des rétinoïdes et du glutathion, interdits en cosmétologie. Les femmes enceintes, les adolescents et les hommes sont aussi concernés. Les motivations sont majoritairement d’ordre esthétique, avec une influence déterminante des pairs et de l’environnement, et un ancrage socio-historique plus ou moins prégnant. Les complications sont variées, dermatologiques mais aussi systémiques et psychologiques. Le passage sanguin de propionate de clobétasol est particulièrement à risque. L’aspécificité des symptômes et une réticence fréquente des usagers à évoquer cette pratique rend le repérage précoce difficile et une formation des praticiens nous semble indispensable, confortant les opinions recueillies auprès de médecins généralistes. Une fiche Mémo et un Podcast vidéo d’aide au diagnostic et à la prise en charge des complications ont été élaborés à la lumière de ces résultats. CONCLUSION : Ce travail a permis de soulever les enjeux sanitaires majeurs de la dépigmentation volontaire en France et dans le monde. Le médecin généraliste est un acteur central face à cette problématique complexe qui nécessite une connaissance des habitudes de vie du patient et une alliance thérapeutique. Des outils d’information tels qu’une fiche Mémo et un Podcast vidéo pourraient lui être utile pour prévenir et repérer les risques de cette pratique cosmétique.