Dans le cadre du programme national "deforpa", l'approche dendroécologique a été appliquée au jura (sols calcimorphes). Une typologie des sapinières a été réalisée à l'aide de 208 placettes de 6 sapins. Les 11 principaux types de forêts s'individualisent pour la combinaison de l'altitude et du bilan hydrique du site (estimé d'après la composition de la végétation). Selon les cas: (1) le sol a prédisposé les arbres à des carences minérales, déclenchées par un autre facteur (sécheresses, pollution); (2) la défoliation et le jaunissement correspondent à des difficultés d'alimentation en eau pendant les périodes de sécheresse, parfois aggravées par une concurrence trop forte et probablement par la pollution atmosphérique (hypothèse de l'influence de l'ozone). L'étude des variations des surfaces de cerne de 1248 sapins a montré que la sapinière dans son ensemble a subi des crises variables en durée et en intensité au cours du 20eme siècle, d'origine essentiellement climatique. La croissance radiale montre une tendance à long terme croissante considérable depuis 1860 (augmentation de 350% en surface terrière). Cette tendance est différente en futaie régulière et en futaie jardinée; une amélioration progressive de la sylviculture ne semble être que très partiellement responsable de cette tendance. La croissance radiale a été reconstruite à partir de données climatiques. Les modélisations ont montré le rôle du climat de l'année n d'élaboration du cerne (faible déficit hydrique favorable en mai et juin; faibles températures de février défavorables) et l'existence de nombreux arrière-effets du climat des années n-1 a n-6. La tendance à long terme n'a pas été entièrement reconstruite à l'aide des seules données climatiques, ce qui indique que d'autres facteurs interviennent (hypothèse de l'action directe du CO#2). Ces recherches ont rejoint les thèmes lies à la modification du climat de l'hémisphère nord et à ses impacts sur les écosystèmes forestiers.