Jusqu'à présent, la plupart des études sur le dopage se sont intéressées à ses aspects médicaux, pharmacologiques et réglementaires. Le but de ce travail est de tenter une nouvelle approche, sociologique, de ce phénomène. Deux grands axes y contribuent. Le premier propose une chronologie de l'évolution des produits dopants en quatre périodes: l'âge de pierre (depuis la nuit des temps à l'aube du XIXe siècle), les premiers pas (du XIXe a 1960), l'âge de déraison (de 1960 à nos jours) et l'avenir. Les principaux déterminants de cette progression sont la naissance du sport moderne, les progrès de la médecine, des facteurs politiques et économiques. On constate que les produits se diversifient rapidement et que leurs usagers les retiennent en fonction de critères oscillant entre la passion et la raison. Le second axe étudie la représentation du dopage dans trois populations qui y sont confrontées: médecins, sportifs, grand public. Les médecins sont indifférents à ce problème. L'indécision caractérise les sportifs, qui méconnaissent les substances qu'ils sont susceptibles de consommer (mode d'action, efficacité, risques), ne parviennent pas à situer le dopage par rapport aux toxicomanies, doutent du pouvoir de la lutte antidopage mais sont unanimes à designer l'athlétisme, le cyclisme et l'haltérophilie comme étant les disciplines les plus touchées par le fléau. Le grand public a changé son appréciation du dopage sportif au cours du temps. Il a commence par l'encourager, puis le condamner et enfin, actuellement, il y semble indifférent. Cette évolution tient peut-être à la représentation qu'il se fait du corps de l'athlète et a ses modifications. Mais le public s'est aussi approprié le dopage sportif pour ses propres besoins et ce phénomène transparait clairement dans la vie quotidienne. Les produits sont souvent identiques à ceux en usage sur les stades