La fatigue au cours de la polyarthrite rhumatoïde (PR) est fréquemment comprise comme une conséquence de la maladie. Toutefois, l’effet de l’activité clinique de la maladie sur la fatigue ne fait pas consensus. L’objectif est de vérifier si cette fatigue est liée à l’activité clinique résiduelle de la maladie ou si elle est la manifestation de difficultés psychologiques généralement associées à l’ajustement à leur condition médicale. Cinquante-trois patients atteints d’une polyarthrite rhumatoïde (avec une Disease Activity Score 28 < 5,1) et se décrivant fatigués ont répondu à des questionnaires évaluant la fatigue (MFI), la souffrance psychologique (HADS ; STAI-trait/state), la douleur (EVA), la perception de la gravité de leur état de santé (CGI1), les troubles du sommeil (ISI, ESS), leurs représentations causales (EMAC) et leurs stratégies de coping (WCC-R). Les résultats montrent que l’activité clinique de la maladie n’avait pas d’effet sur la sensation de fatigue. Les patients les plus fatigués étaient significativement plus anxieux, plus déprimés et souffrant d’une plus forte insomnie que les patients les moins fatigués. La fatigue pourrait constituer une trace résiduelle de la maladie qui accentuerait l’expression de la dimension anxieuse de la personnalité. La PR viendrait placer l’individu dans une forme d’insécurité personnelle qui majorerait l’anxiété et l’intensité de la fatigue.