La diversification des médecins généralistes vers l'homéopathie constitue le mode d'exercice particulier le plus fréquent en France, malgré sa place limitée dans les programmes au cours des études médicales et un contexte scientifique et réglementaire flou. L'attrait de l'homéopathie pour les patients a été étudié à plusieurs reprises au cours d'enquêtes qualitatives. Mais quelles sont les motivations des médecins qui choisissent de l'exercer ? Nous avons réalisé une enquête qualitative par entretiens semi-dirigés auprès de quinze médecins généralistes de Lorraine exerçant l'homéopathie pour au moins 70% de leur activité. Parmi les thèmes exprimés par les médecins interrogés, la nécessité d'un outil diagnostique et thérapeutique supplémentaire est apparue, souvent pour répondre à la demande des patients face aux récidives infectieuses, aux pathologies fonctionnelles et aux pathologiespsychosociales. Le choix de l'homéopathie a correspondu pour les médecins de l'enquête à une autre vision de la santé, plus holistique avec l'approche globale du patient et l'action préventive au niveau de son terrain, et une action moins coercitive pour l'organisme. L'absence d'effets secondaires des médicaments homéopathiques a de plus été un facteur dominant dans leur choix, les médecins ayant souvent été confrontés à des expériences négatives dans leur vie professionnelle. En outre nous avons mis en évidence le choix d'un mode de consultation que les médecins privilégient, avec une durée plus longue leur permettant d'avoir une écoute du patient particulière, un dialogue approfondi, et donc une relation médecin-malade de qualité.Cette étude a permis d'éclairer la pratique de l'homéopathie afin de mieux comprendre les motivations des médecins qui l'exercent. Intégrer l'homéopathie dans le système actuel de soins parait nécessaire, en développant la recherche avec des moyens adaptés à l'homéopathie et en encadrant les pratiques professionnelles, pour une reconnaissance de cette discipline largement exercée en France