L'automutilation, il y a encore quelques dizaines d'années, était considérée comme un trouble du comportement purement psychiatrique, dont les médecins redoutaient la prise en charge au vu de son extrême complexité.Aujourd'hui, le phénomène d'automutilation buccale connaît une prévalence croissante, avec en contrepartie des lésions résultantes moins conséquentes qu'auparavant. Quelle qu'en soit l'étiologie (rituelle, cosmétique, pathologique organique, fonctionnelle ou psychiatrique), sa prise en charge n'en est cependant pas facilitée: le chirurgien-dentiste reste souvent confronté à des problèmes de diagnostic, et le traitement peut connaître plusieurs échecs successifs avant d'aboutir. Compte tenu du « fond psychologique» retrouvé dans la plupart des comportements d'automutilation, le traitement aura par ailleurs plus de chances de réussir s'il est associé à une aide psychiatrique. Dans les cas les plus sévères, il sera également nécessaire d'établir un plan de traitement global en coopération avec d'autres spécialistes médicaux, notamment chirurgiens maxillo-faciaux et neurochirurgiens. Enfin, quelle que soit la fonction médicale du praticien qui accepte de s'investir dans la prise en charge du patient automutilant, et dans ce cas précis, la dimension relationnelle devra être privilégiée par rapport à l'aspect technique.