La France figure toujours en première position européenne quant à la consommation de médicaments (48 boites de médicaments ingérées par an et par personne). Et si la quasi-totalité des français pratique l’automédication, la plupart des médicaments utilisés sont issus de la pharmacie familiale.Objectif. Cette étude avait pour objectif, d'une part, de mesurer le taux de mésusage des médicaments au domicile, par rapport à l’AMM ; d’autre part, d’explorer les motivations des consommateurs à la conservation des médicaments dans leur pharmacie familiale, ainsi que leur comportement global.Méthode. Nous avons mené une enquête exploratoire observationnelle au domicile de patients volontaires, recrutés par leur médecin de famille.Résultats. La pharmacie familiale de 102 foyers a été explorée. Le taux de mésusage était de 40%. Les cinq médicaments les plus utilisés en automédication étaient le paracétamol, l'ibuprofène, l'aspirine, le diosmectite et le phloroglucinol. La pharmacie familiale permettait de gérer des problèmes de santé bénins et de soulager rapidement un symptôme. Elle était constituée principalement d'antalgiques, d'antiseptiques, de pommades et de sirops qui provenaient d'achats spontanés à la pharmacie et de restes de prescriptions antérieures. La plupart des patients déclaraient regarder la notice et la péremption avant d'utiliser un médicament et y avaient recours pour des symptômes banals type céphalée, douleur, rhume, petite blessure.Conclusion. L'utilisation des médicaments issus des pharmacies familiales implique des risques pour les patients (surdosages, interactions, effets indésirables) et pour la société (germes résistants, dépendances). Les patients n'utilisent pas correctement leur pharmacie familiale. Un encadrement et une évolution de ces comportements de surconsommation médicamenteuse sont nécessaires via les acteurs de terrain habituels (médecins et pharmaciens) mais aussi, via les pouvoirs politiques