Le taux d'allaitement maternel augmente progressivement dans la population française, mais les femmes en situation de précarité se distinguent par des taux d'initiation moins élevés et un sevrage précoce. Afin de déterminer les obstacles à l'allaitement dans cette population, nous avons réalisé une étude qualitative par entretiens semi-dirigés auprès de onze femmes en situation précaire. Elles ont été recrutées sur la base du volontariat, en Lorraine. Les résultats de l'analyse thématique ont permis d'identifier trois groupes de femmes présentant des caractéristiques similaires sur le type d'allaitement mis en oeuvre. Les femmes migrantes allaitentplus longtemps, et rencontrent moins de difficultés pratiques dans le déroulement de l'allaitement. Les femmes en situation de précarité issues de milieu favorisé ont des représentations positives de l'allaitement mais une mise en route très difficile conduisant le plus souvent à un sevrage précoce, rendant compte aussi des contradictions du discours des professionnels de santé. Les femmes en situation de précarité issues de milieu défavorisé ont majoritairement choisi de ne pas allaiter. Pour celles-ci, l'alimentation du nourrisson parait plus sûre au lait artificiel, qui est parailleurs la norme autour d'elles, et permet une meilleure maîtrise de la qualité et de la quantité. La promotion de l'allaitement maternel par les professionnels de santé auprès des femmes en situation de précarité gagnerait à prendre en compte leurs particularismes, qui ne relèvent pas seulement de leur situation sociale