Chaque médecin généraliste est confronté à l'accompagnement de patients atteints de maladie grave, et en particulier au moment décisif où le diagnostic en est posé, mais si l'annonce d'un diagnostic grave a fait l'objet de nombreux travaux, peu se sont intéressés à cette circonstance. Le ressenti des médecins généralistes lorsqu'ils découvraient une maladie grave chez un de leurs patients a été approché par une étude qualitative utilisant des entretiens individuels semi-dirigés réalisée de septembre à décembre 2012 auprès de médecins généralistes de Moselle et de Meurthe et Moselle. L'analyse des entretiens par une lecture thématique avec triangulation met en évidence que le cancer est considéré comme « la » maladie grave par excellence et que les sentiments des médecins confrontés à ces découvertes sont contrastés. Certains ressentent un sentiment d'injustice et d'impuissance alors que c'est la culpabilité qui prédomine pour d'autres. De nombreux facteurs influencent leur ressenti notamment l'âge et l'hygiène de vie de leurs patients ou la relation médecin-patient préexistante. Leur rôle d'accompagnement est perçu comme difficile dans ces situations d'autant plus que la relation avec leurs patients y est renforcée avec l'instauration d'un lien de confiance privilégié. La plupart des médecins sont affectés personnellement par la découverte d'une maladie grave et apprécient de pouvoir partager avec leur entourage proche : conjoint ou confrères, pour atténuer l'impact émotionnel de ces moments difficiles. Les études existantes s'intéressent davantage aux réactions des médecins confrontés à la mort de leurs patients mais cette étude montre que la découverte d'une maladie grave est également vécue comme un réel traumatisme