Dans une perspective historique de longue durée, qui débuterait avec la loi de séparation des Églises et de l’État, le catholicisme a progressivement abandonné l’idée de construire une contre-société au monde moderne, intégrant progressivement l’esprit de la laïcité. Si le catholicisme a lentement accepté cette loi fondatrice pour la République, Denis Pelletier souligne qu’il a cherché le compromis avec l’État. « En dépit d’une histoire marquée durablement par l’affrontement avec la République laïque, le catholicisme ne s’est jamais constitué en France en une “contre-société” étrangère à la modernité : le rapport qu’il a noué avec cette dernière est davantage de l’ordre de la négociation et du compromis » (Pelletier, 2000 : 30). Le conflit traumatique des deux France s’est ainsi progressivement apaisé, l’État étant conduit à faire beaucoup de concessions par rapport à « une laïcité de combat » et l’Église catholique, de son côté, acceptant son nouveau statut de religion parmi d’autres, bien qu’elle dispose d’une liberté de parole et de critique ainsi que d’avantages certains par rapport à d’autres religions.