Le développement des techniques échographiques et le diagnostic de malformations foetales peuvent parfois confronter les parents au choix d’une Interruption Médicale de Grossesse (IMG). Ce travail a pour objectif de décrire le ressenti des pères qui accompagnent leur femme dans ce processus et les stratégies de coping qu’ils mettent en place, élément peu étudié dans la littérature. Notre étude se déroule à la maternité du Centre Hospitalier Universitaire Régional de Nancy, d’avril à décembre 2016 et concerne les IMG qui ont lieu après 22 semaines d’aménorrhée. Des entretiens semi structurés ont été proposés aux pères le lendemain puis 6 semaines après l’IMG. Ces entretiens ont ensuite été retranscrits et étudiés par analyse thématique du discours. Huit hommes ont accepté de participer à cette étude et quatre d’entre eux ont été revus à 6 semaines. Nous avons retrouvé chez ces pères une intense douleur morale tout au long de la période allant du diagnostic à l’IMG. L’annonce du diagnostic de malformation foetale a eu un effet traumatique. Les pères éprouvaient une crainte de perdre leur femme, un sentiment de colère, de solitude et d’exclusion. Ils avaient recours à des processus d’internalisation, de minimisation, et d’évitement par la distraction. A 6 semaines de l’IMG, bien que les pères ne fussent plus sous le choc de l’annonce, ces mêmes sentiments étaient toujours retrouvés. En outre, ils avaient tous insisté sur leur souhait d’avoir une place auprès de leur compagne tout au long de l’IMG. Ce travail révèle les progrès qu’il reste à faire dans l’accompagnement réservé aux pères, en leurs proposant un accompagnement personnalisé et en leur réservant une place spécifique durant le processus de l’IMG et ouvre également des perspectives sur d’autres études.