David Jaomanoro, originaire de la région de Diego, qui a vécu la dernière partie de sa vie à Mayotte, choisit de construire des personnages issus des diverses régions côtières de Madagascar. Cependant, au contraire des étrangers à ces contrées qui les décrivent abondamment dans leurs récits, Jaomanoro refuse le paysage et le portrait. Il laisse aux proverbes, aux images, aux références leur opacité voire leur énigme. Plage ou forêt, aucun baobab, aucun soleil couchant derrière les voiles de la pirogue, aucune silhouette féminine avec seau ou panier sur la tête. La beauté semble s’être retirée des textes de Jaomanoro et avec elle, les clichés sur le bonheur simple, sur l’authenticité heureuse, sur la famille ressource. Il ne « peint » pas les régions parce qu’il place au centre, en les faisant narrateurs, les habitants de ces régions, les acteurs de ces cultures, qui souffrent.