Educating, Enlightening, Edifying: Iacopone Da Todi’s Intellectual Journey
Résumé
In more recent scholarship, beside the image of Iacopone da Todi as a genuine, learned poet, who is aware of all the challenges of poetic discourse associated with the transmission of a spiritual message, another image has emerged — that of an intellectual of his day who pondered not only the matter and form he was creating, but also the place he could find in literary history. This notion of Iacopone Todi as involved in political, stylistic, and literary concerns helps to highlight the authorial dignity of the poet and to extend the definition of the intellectual through that of the author in the literary and modern sense of the word.
The creative project of the Laude resides in an attempt to combine love of literature and love of God ; literary innovation is part of his spiritual quest. The Laude demonstrate an intellectual journey based on the permanent oscillation between presence in the world and absence from it. The relation to the world which, somewhat ironically, lies somewhere between involvement and detachment. Within this opposition, the prophetic Laude certainly are the « literary demonstration » of Iacopone’s involvement in the religious and civil society of his day. From a similar point of view, in terms of readership and reception, the laudario acquires important pedagogical and didactic relevance that need to be emphasized.
According to Iacopone, an individual’s perfection is not merely achieved by the relation of the inner self to itself, but also by the ability to face worldly realities. This perfection is not the outcome of pure instinct, but rather of an enlightening intellectual process. Thus, the poet considers the Laude as the site of the development of a pedagogic action, or even of a pedagogic project, which is integral to genuine « spiritual guidance ».
Il ne fait plus aucun doute qu’à côté de la figure de Jacopone da Todi, vrai poète, cultivé, connaissant les enjeux du discours poétique associé à la transmission du message spirituel, s’est dessinée celle d’un intellectuel de son temps, réfléchissant à la matière et à la forme qu’il est en train de créer, et à la place qu’il peut trouver dans la diachronie littéraire. Cette image de Jacopone, intellectuel engagé aussi bien dans les questions politiques que dans les réflexions littéraires et stylistiques, permet de mettre en avant la dignité auctoriale du poète et de prolonger la définition de l’intellectuel par celle de l’auteur, au sens moderne et littéraire du terme.
Le programme et la créativité des Laude se situent dans la tentative de concilier le désir des Lettres et l’amour de Dieu : les conquêtes littéraires s’inscrivent dans la quête spirituelle.
Les laude démontrent un parcours intellectuel fondé sur une oscillation permanente entre présence et absence au monde : le rapport au monde que suppose l’ironie se situe entre engagement et détachement. A l’intérieur de cette opposition, les laude prophétiques sont assurément une manifestation « littéraire » de l’intervention de Jacopone dans les problèmes de la société religieuse et civile contemporaines. Et c’est dans une perspective analogue que l’on peut relever une très forte indexation pédagogique et didactique replaçant le laudario dans la réalité de l’existence d’un public et de la réception de l’œuvre.
Selon Jacopone, la perfection de l’individu ne se réalise pas seulement dans le rapport intérieur de soi à soi mais aussi dans la confrontation avec les réalités terrestres ; cette perfection n’est pas le fruit du pur instinct mais d’une intellectualisation éclairante. Aussi, le poète considère-t-il les Laude comme le lieu de développement d’une action pédagogique, voire d’un programme, s’inscrivant dans l’activité plus large d’une véritable « direction spirituelle ».