L'antibiorésistance est un phénomène complexe qui tend à devenir de plus en plus préoccupant. Elle est la conséquence de plusieurs facteurs : (i) la très forte augmentation de la multirésistance aux antibiotiques chez les bactéries, et en particulier chez les Bactéries à Gram Négatif (BGN) ; (ii) l'émergence et la dissémination de souches résistantes voire multirésistantes, comme les Entérobactéries résistantes aux carbapénèmes ; et (iii) l'absence de nouvelles molécules. Cette situation a contraint les cliniciens à se tourner vers d'anciennes molécules comme la colistine, pour le traitement d'infections causées par ces BGN multirésistantes. La colistine est un antibiotique polypeptidique de la famille des polymyxines. La famille des polymyxines comprend actuellement deux composés utilisés en thérapeutique : la polymyxine B et la polymyxine E (ou colistine). Ce très net regain d'intéret pour la colistine, qui a été alors qualifié de traitement de dernier recours, a eu plusieurs conséquences ; la principale étant la très forte augmentation du nombre de souches résistantes à la colistine chez les espèces normalement sensibles (Klebsiella pneumoniae, Escherichia coli…), et leur dissémination à l'échelle de la planète… Cette thèse s'articulera en deux grandes parties. La première présentera les données les plus récentes sur l'état des lieux des connaissances sur la résistance à la colistine chez les Entérobactéries, tant d'un point de vue mécanistique (avec la présentation des mécanismes de résistance), qu'épidémiologique. La seconde portera quant à elle sur différents travaux qui ont été menés au laboratoire, sur la résistance à la colistine, à travers la présentation de trois publications internationales et qui illustreront les moyens qui peuvent être utilisés pour comprendre, caractériser, voire même lutter contre l'antibiorésistance.