INTRODUCTION : le SII fait partie du quotidien du médecin généraliste qui dispose d'un arsenal thérapeutique médicamenteux peu fourni et ayant fait preuve d'une faible efficacité ainsi que d'un profil de tolérance médiocre. La prise en charge peut s'avérer alors complexe. L'émergence d'une nouvelle cible thérapeutique, le microbiote intestinal, et d'une nouvelle arme thérapeutique, les probiotiques, s'avère séduisante pour les acteurs de soins primaires. Cependant, le médecin est dans une position délicate : essais cliniques prometteurs mais de qualité variable, recommandations floues et parfois contradictoires, couverture médiatique et demande des patients importantes. L'objectif de cette étude est de déterminer les connaissances, l'utilisation et la perception des probiotiques par les médecins généralistes dans le cadre du SII. MÉTHODE : Une étude qualitative phénoménologique a été menée. Le recueil des données s'est fait selon la méthode des « groupes focalisés » complétée par des entretiens individuels. Il s'est achevé à l'obtention de la saturation des données. Après transcription de l'intégralité du verbatim, une analyse selon la méthode dite de « la table longue » a été réalisée. Un focus group et 10 entretiens individuels ont été effectués auprès de médecins généralistes volontaires de la région du Pays-Haut utilisant les probiotiques dans le cadre du SII, du 4 juin au 22 juillet 2019. RÉSULTATS : Les connaissances des médecins étaient parcellaires, floues voire erronées. Ils tiraient leur savoir de leur expérience professionnelle et de sources de qualité variable. L'utilisation des probiotiques en pratique quotidienne pour la gestion du SII était jugée difficile et freinée par plusieurs facteurs. Les médecins avaient une perception mitigée de cette nouvelle thérapeutique jugée complémentaire plutôt qu'alternative et difficile à utiliser en pratique clinique. CONCLUSION : Un cadre théorique et pratique pourrait s'avérer judicieux pour les médecins généralistes en perte de repères. Des médecins informés seraient plus à même de soulager les patients inquiets et enquête de renseignement.