Contexte : La 1ère vague épidémique du SARS-CoV-2 a amené la France et le monde à une situation sanitaire inédite. Au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Dijon, l'épidémie s'est traduite par un afflux massif de patients à l'hôpital et notamment en réanimation, ce qui a nécessité, entre autres, une réorganisation des activités chirurgicales et médicales, et a conduit à de fortes tensions d'approvisionnement de médicaments et dispositifs médicaux utilisés dans ces services. Objectif : L'objectif est de réaliser un état des lieux de la prise en charge (PEC) thérapeutique des patients adultes atteints ou fortement suspectés d'une infection au SARS-CoV-2 hospitalisés en services de réanimation et de pneumologie soins intensifs (SI) et d'étudier l'évolution des stratégies de traitement au cours de la crise avec un focus sur 2 classes thérapeutiques étiquetées critiques en raison du risque de pénurie, curares et sédatifs. Méthode : Cette étude descriptive, rétrospective, monocentrique a inclus tous les patients adultes atteints du SARS-CoV-2 admis en services de réanimation et pneumologie SI entre le 26 février 2020 et le 19 mai 2020. Ont été recueillis les caractéristiques initiales des patients, le séjour et le devenir du patient, la PEC respiratoire et la PEC médicamenteuse, avec un focus sur l'évolution des consommations des curares et sédatifs étiquetés critiques entre 2 périodes d'études (avant et après sensibilisation des prescripteurs au risque de pénurie) au cours de cette 1ère vague épidémique. Résultats : Au total, 153 patients ont été inclus dans notre étude. L'âge moyen était de 66 ans ± 13 ans. La durée moyenne d'hospitalisation en réanimation et de pneumologie SI était de 18,4 jours. A l'issue de leur PEC, 25,5% des patients sont décédés, 54,9% des patients ont été transférés dans un service de médecine et 18,3% des patients ont été transférés vers un autre établissement. Une ventilation mécanique a été mise en place chez 81% des patients. Concernant la PEC médicamenteuse, le cisatracurium était le curare instauré chez 58,2% des patients à la posologie moyenne de 20,5mg/h pendant 7,8 jours en moyenne. Le propofol a été la molécule la plus fréquemment utilisée pour la sédation, suivi du sufentanil et du midazolam. 95,4% des patients ont reçu un antibiotique et 33,3% des patients, un anti viral. Après sensibilisation des prescripteurs au risque de pénurie, nous avons observé une tendance à la baisse pour la consommation de propofol et une tendance à la hausse pour midazolam et sufentanil sans différence significative entre les 2 périodes. Conclusion : Cet état des lieux a montré un taux élevé de patients qui ont bénéficié d'une ventilation invasive engendrant de fortes consommations et des stocks critiques en cisatracurium, propofol, midazolam et sufentanil. Devant l'absence de traitement spécifique et de vaccin, la nécessité d'une utilisation optimale des curares et sédatifs en lien avec les équipes médicales sera primordiale en cas de pénurie lors d'une 2ème vague épidémique.