Jenni Fagan’s The Panopticon (2012). When contemporary fiction grapples with disciplinary visuality
The Panopticon (2012) de Jenni Fagan ou quand la fiction contemporaine s’achoppe à la visualité disciplinaire
Résumé
In her 2012 novel The Panopticon, Jenni Fagan chose to examine the possibility of emancipation from within the care system, and between the walls of an institution modelled on Bentham’s 18th century eponymous invention. Setting the adventures of Anais, an orphan and chronic offender, in that building, testifies to the persistence of the master trope of surveillance, which turns the visual world of the novel into an anxiety-ridden field of observation and control. The reference to disciplinary and punitive visuality proves particularly effective in conveying Fagan’s critique of a system that has relinquished its duty of care and devotes itself to the marginalisation and subjugation of the young delinquents it purports to rehabilitate. However the novel also inspires itself from Foucault by reminding us that the visual field of discipline is not one in which power can be exerted absolutely. In the Panopticon, surveillance elicits the resistance of the residents, who repeatedly escape the all-seeing watchtower, claim a “right to look” (Mirzoeff) and eventually bring down the dispositive of disciplinary visuality, allowing Anais’s emancipation in the process. Ultimately the narrative uses the visual paranoia of panopticism as a foil, as its young protagonist looks for practices of seeing and modes of inscription in the visual landscape that will nurture rather than discipline and punish. Far from rejecting visuality altogether, the narrative seeks out spaces where visual care and consideration constitute a response to the failure of the State system of surveillance effectively to reform or care for its citizens.
Dans The Panopticon (2012), Jenni Fagan place sa jeune protagoniste dans un centre correctionnel inspiré par l’invention de Bentham, et choisit ainsi pour cadre d’un récit d’émancipation l’univers des services sociaux britanniques. L’institution éponyme manifeste la persistance du dispositif représentant par excellence l’ordre disciplinaire de la surveillance, qui fait de l’univers visuel du roman un champ d’observation et de contrôle particulièrement anxiogène. La référence à une visualité punitive prend tout son sens dans la critique par Fagan d’un système qui renonce à prendre soin de ses pupilles, et se consacre à la marginalisation et à la sujétion des délinquents qu’il prétend réformer. Pour autant le roman, fidèle à l’analyse de Foucault, nous rappelle que même dans le champ disciplinaire le pouvoir ne peut s’exercer absolument, sans reste. Au Panoptique la surveillance suscite la résistance des pensionnaires, qui échappent sans cesse à sa tour de contrôle, revendiquent un “droit de regard” (Mirzoeff) et finissent par défaire le dispositif de visualité disciplinaire, permettant au passage l’émancipation d’Anais. Le récit se distancie enfin de la paranoïa visuelle associée au panoptisme lorsqu’il envoie sa jeune protagoniste en quête de pratiques du voir et de modes d’inscription dans le visible qui nourrissent et libèrent au lieu de discipliner et punir. Loin de renoncer à la visualité dans son ensemble, le roman recherche des espaces où le regard se fasse soin attentif. La considération se constitue alors en réponse à l’échec d’un système étatique de surveillance incapable de réformer ou de prendre soin de ses citoyens.