Le lithium est un métal alcalin naturellement retrouvé dans les saumures et les minéraux de certaines roches (pegmatites, coupoles granitiques et greisens). Ce métal est historiquement utilisé dans le traitement de troubles psychologiques comme la bipolarité. Du fait de propriétés physicochimiques particulières (haute capacité calorifique, haute conductivité thermique, électropositivité, faible densité), le lithium est également une ressource de choix dans un contexte de transition énergétique. Une contamination des milieux aquatiques est donc à prévoir dans les années qui viennent. Quels seront les impacts de cette contamination pour les organismes aquatiques ? Pour répondre à cette question, une méta-analyse a été réalisée sur les données disponibles dans la littérature, en vue d'identifier les lacunes de connaissances sur la bioaccumulation et l'écotoxicité du lithium en milieu aquatique, et de formuler des hypothèses sur les mécanismes sous-jacents à ces phénomènes. Nous avons également complété les données de toxicité existantes en réalisant des tests standardisés sur le décomposeur Aliivibrio fischeri, le producteur primaire Raphidocelis subcapitata et le consommateur primaire Daphnia magna, avec différents sels de lithium utilisés en industrie ou en pharmaceutique. Un volet d’exposition chronique avec le bivalve Dreissena polymorpha permettra de lier la concentration dans le milieu, la bioaccumulation, et les fonctions physiologiques impactées par le lithium, en tenant compte des potentiels mécanismes d’adaptation chez ces organismes aquatiques. Les données disponibles sur la bioaccumulation et l'écotoxicité du lithium en milieu aquatique montrent une forte hétérogénéité. Bien que la plupart des valeurs de CE50 se situent au-dessus des concentrations environnementales moyennes, très peu de données de toxicité chronique sont disponibles. Les résultats de nos bioessais s'inscrivent dans la même gamme de valeurs que celles de la littérature, et mettent en évidence des différences de toxicité entre les sels et les organismes testés. Les données de bioaccumulation montrent également une forte hétérogénéité. Certaines études rapportent une accumulation de lithium similaire à d’autres éléments réputés toxiques (As, Cd). Cependant, les informations sont rares sur la bioaccumulation du lithium chez les organismes d'eau douce, potentiellement plus exposés aux rejets de ce métal, car plus proches des sources anthropiques. Ces premiers travaux soulignent la nécessité d’évaluer la toxicité des différentes formes de lithium et d’en comprendre les mécanismes d’action.