Les premiers textes koltésiens constituent, sans doute, le champ d'expérimentation de ce que l’écrivain appelle le « théâtre ignorant », c’est-à-dire, le théâtre qui se détache complètement des règles du théâtre existant (ou mort-vivant), en se fondant sur l’« inexpérience ». D’une manière ou d’une autre, ces textes ont pour sujet principal le Théâtre. Aussi une place à part y est-elle accordée à l’image de la maison hantée et à celles de ses composantes (l’invisible, le mort, le fantôme, etc.). Ainsi, il s’agira pour nous de nous interroger sur les modalités du fonctionnement dans ces textes d’un certain nombre de motifs récurrents (le spectre et les spectateurs ; le théâtre théâtralisé ; le (dés)ordre dans la maison ; les héritiers et les déshérités ; la maison des marionnettes, le travestissement et le jeu ; le maître et la domesticité ; etc). Nous éclairerons ainsi les stratégies discursives et énonciatives auctoriales de la mise en texte de l’image de la Maison hantée. Notre objectif est, donc, de montrer que l’image de la maison (domus) chez Koltès est une expression textuelle et symbolique de son désir de maîtriser/domestiquer (dominus) un Théâtre qui le hantait.