Dans un premier temps, l’ouvrage présente un dispositif pédagogique universitaire innovant pour développer des compétences interculturelles en master MEEF. Le dispositif est à la fois le résultat de tâtonnements réflexifs d’une formatrice en Institut National Supérieur de l’Éducation (INSPÉ) et de réflexions scientifiques d’une chercheuse en didactique des langues-cultures. Mis en place en formation initiale d’étudiants enseignants stagiaires, le dispositif a pour spécificité de vouloir faire sortir les étudiants de leur zone de confort, pour qu’ils soient en mesure d’assumer la gestion de la diversité culturelle des élèves, au cœur de turbulences idéologiques. Le dispositif s’appuie un projet photographique mené dans une université étasunienne qui permet de mettre la question des microaggressions sociales, raciales et genrées au centre de l’activité de développement des compétences interculturelles. Dans le projet photographique, vingt étudiants participent à la mise au jour d’expériences de microaggressions vécues, par une mise en image et la mise en mots du phénomène. Par microaggression, il est entendu une discrimination à l’apparence anodine, répétée qui peut se cacher au cœur de discours, de gestes ou de mimiques. Cette question est d’autant plus cruciale que la plupart des étudiants futurs enseignants se déclarent intrinsèquement ouverts à tous les élèves de cultures différentes. Pourtant de nombreux rapports et travaux montrent que les préjugés raciaux (mais aussi sexistes) s’immiscent dans les pratiques ordinaires, banales du quotidien de l’école. Comme ils ne prennent pas la forme de violences verbales ou physiques, ils ne sont que rarement interrogés, et leurs effets sur autrui sont peu (re)connus Le dispositif pédagogique conçu et mis en œuvre pour la formation initiale des enseignants veut se donner les moyens de débusquer les formes subtiles de hiérarchisation entre soi et l’autre, via une réflexion critique menée à partir du projet photographique étasunien. Dans un deuxième temps, l’ouvrage présente l’évaluation du dispositif pédagogique par le biais d’une étude scientifique qualitative menée sur celui-ci. L'étude examine comment les étudiants du dispositif en question développent des compétences interculturelles, dans une activité d’écriture de productions collectives négociées, quand ils interprètent une microaggression vécue, et dans une production individuelle, quand ils déclarent eux-mêmes une expérience de microaggression. À travers l’analyse de ces productions, nous découvrons comment les étudiants déjouent, ou non, les préjugés raciaux tels qu’il se produisent de manière subreptice dans les interactions quotidiennes, et comment ils comprennent les rapports hiérarchiques inconsciemment imposés entre soi et l’autre. Cette prise de conscience les amène à réfléchir à leur posture vis-à-vis des élèves de leurs classes, mais aussi à se rendre compte que la construction hiérarchique entre les personnes peut être le fruit de divers éléments en interaction (race, genre, classe, âge, taille, métier), selon les situations. Les résultats de l’étude sont à la fois plein de promesses et de périls. D’un côté, les promesses tiennent au dispositif pédagogique mis en œuvre. Avec une écriture spéculaire, il offrirait aux étudiants des possibilités de s’exercer à développer des compétences interculturelles qui leur permettraient de rester vigilants quant aux phénomènes hiérarchisant de valorisation/dévalorisation d’autrui. D’un autre côté, les périls tiennent aux freins institutionnels. En formation d’enseignants, de faibles volumes horaires sont consacrés à ces questionnements, les cours sont parfois optionnels, il existe peu ou pas de place dans les maquettes universitaires, ou encore les contenus de formation sont peu pertinents pour avancer vraiment sur ces questions. L'ouvrage s’adresse à ceux qui estiment, qu’il est urgent de descendre de sa tour d’ivoire et de considérer à quel point il devient nécessaire de travailler dans une démarche réflexive sur les rapports de pouvoir gardés invisibles et leurs effets, qui structurent les pratiques scolaires. Il en va d’un enjeu de justice sociale et d’inclusion de tous les élèves. développer des compétences interculturelles en master MEEF. Le dispositif est à la fois le résultat de tâtonnements réflexifs d’une formatrice en Institut National Supérieur de l’Éducation (INSPÉ) et de réflexions scientifiques d’une chercheuse en didactique des langues-cultures. Mis en place en formation initiale d'étudiants enseignants stagiaires, le dispositif a pour spécificité de vouloir faire sortir les étudiants de leur zone de confort, pour qu’ils soient en mesure d’assumer la gestion de la diversité culturelle des élèves, au cœur de turbulences idéologiques. Le dispositif s’appuie un projet photographique mené dans une université étasunienne qui permet de mettre la question des microaggressions sociales, raciales et genrées au centre de l’activité de développement des compétences interculturelles. Dans le projet photographique, vingt étudiants participent à la mise au jour d’expériences de microaggressions vécues, par une mise en image et la mise en mots du phénomène. Par microaggression, il est entendu une discrimination à l’apparence anodine, répétée qui peut se cacher au cœur de discours, de gestes ou de mimiques.