La bouche, élément central de l’oralité, est à la fois un lieu de passage et de grande sensorialité. Il arrive parfois, dans le cadre des troubles de l’oralité alimentaire, que cet espace soit investi de façon négative, freinant ainsi la découverte par l’enfant de son environnement. Un lien a été établi dans la littérature entre l’oralité et la sensorialité du reste du corps. Dans de nombreux cas de troubles de l’oralité alimentaire, le corps entier n’est pas investi positivement et l’harmonie de la sphère sensorielle est brisée. Il nous a donc semblé pertinent d’étudier l’efficacité d’une approche orthophonique, basée sur l’approche « Patouille », sur les troubles de l’oralité alimentaire. Nous avons fait l’hypothèse que des manipulations ludiques de la matière permettraient de régulariser le seuil de la sensibilité tactile et que cette régularisation amènerait une diminution du mal-être alimentaire. Cette étude a été menée sur deux enfants, âgés de 2 à 3 ans, afin de pouvoir observer des attitudes d’imitation entre eux. Cet appui sur un pair a semblé être essentiel pour les progrès des enfants. Nous avons analysé et comparé les informations issues des bilans initiaux et finaux, afin de mettre en avant les résultats sur le versant de l’oralité et de la sensibilité tactile. Nous avons complété ces données par des observations cliniques, recueillies en situation de manipulation de différentes matières, lors de 9 séances avec les enfants. Les résultats de cette étude semblent prometteurs, avec une régularisation de la sensibilité tactile et un début d’ouverture au monde alimentaire. En proposant une approche ludique de la matière, l’orthophoniste permet aux enfants de se familiariser avec leur sens du toucher, d’abord dans ses mains puis dans sa bouche.