L’explication pseudo médicale de l’insinuation des démons dans le corps et dans l’esprit des malades, bien connue des Évangiles, était déjà postulée au cours des deux millénaires avant notre ère, comme l’atteste l’existence de rituels akkadiens d’exorcisme qui présentent de nombreuses analogies avec les formules de conjuration des textes juifs ou de la littérature hagio- graphique chrétienne en langue syriaque et grecque. Même si la thérapeutique de la maladie restait très insuffisante, ces ex- plications rationnelles devaient contribuer à «humaniser» les malades jusqu’alors isolés et mis au ban de la société. En toute logique, le médecin devait prendre la place de l’exorciste qui administrait jusque-là une cure miraculeuse, mais en réalité les deux ont continué à mener une existence parallèle. La confrontation entre la tradition religieuse culturelle, qui ex- pliquait l’épilepsie par la notion de possession démoniaque, et la mé- decine, qui avait élaboré un système conceptuel fondé sur l’observation anatomique, demeurait un affrontement entre deux types d’outil d’in- terprétation des mêmes symptômes.